Bio
Raphaëlle de Groot est née en 1974 à Montréal (Canada), où elle vit et travaille. Ses travaux ont fait l’objet de plusieurs expositions individuelles au Canada et à l’étranger, les plus récentes étant Chantiers (Le Quartier, Quimper, France, 2008), Il volto interiore (Z2O Galleria – Sara Zanin, Rome, Italie, 2007) et Raphaëlle de Groot. En exercice (Galerie de l’UQAM, Montréal, 2006). Elle a aussi participé à de nombreuses expositions collectives dont Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Triennale québécoise, Musée d’art contemporain de Montréal, 2008). Raphaëlle de Groot détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques (UQAM). Elle a reçu plusieurs bourses du Conseil des Arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. En 2006, elle se voit décerner le prix d’excellence Pierre-Ayot par la Ville de Montréal et en 2008 elle est mise en nomination pour le prix Sobey. * Tiré du site Internet de l'artiste
Démarche
Mon travail s’élabore à partir de contextes de recherche hétéroclites et de situations de rencontres, en réponse à des expériences. J’ai d’abord inscrit mon activité dans des communautés spécifiques à l’extérieur du monde de l’art, celle de religieuses pour Dévoilements (1998-2001), de non-voyants pour Colin-maillard (1999-2001), d’aides familiales pour Plus que parfaites (1999-2001), d’ouvriers du textile pour 8x5x363+1 (2002-2006). Puis, dans des lieux reliés à la création et à la diffusion artistique, j’ai sollicité la participation d’étudiants pour Drawing Session (2004) et En exercice (2006), et de visiteurs pour Portraits de clients (2007). Dans la rencontre, je tente d’impliquer l’autre dans un processus où il est amené à produire un signe, une marque ou un récit. Plusieurs de ces projets reposent sur une activité de collecte de «données» et de réorganisation de matières déjà existantes, des traces qui ont en commun d’appartenir à un domaine de choses qui ne retient pas d’ordinaire l’attention. Le geste d’extraire ces traces de leur dimension quotidienne pour les constituer en archives permet un autre regard. L’invisible devient subitement tangible, le détail se fait immense et révèle l’infini, l’impersonnel dévoile une proximité partagée. Cette dynamique restitue un monde dérobé à la vue, en quelque sorte irreprésentable, un univers hors champ, retenu ou en attente, entre le conscient et l’inconscient. Parallèlement à cet intérêt pour la trace et l’univers d’autrui, j’élabore des exercices «performatifs» qui retournent sur moi le regard de l’autre. Leur déroulement donne à voir un processus de fabrication qui renvoie au travail de l’artiste aux prises avec la création. Par le biais de consignes et de contraintes – aveuglement, accoutrements handicapants, suppression du visage – je me force à travailler hors de la vision et dans la «démaîtrise», de façon à provoquer un état de dépossession, de perte : perte des repères, perte de contrôle, perte d’une image de soi. Être artiste, suivant cet esprit, c’est faire l’expérience de ses limites, ébranler l’idée d’une réalité statique, défaire les schémas rigides et travailler dans un mouvement qui recherche la désorientation et accepte l’inconfort. * Texte tiré du site Internet de l'artiste