1 - La fabrication numérique

Entre création débridée et activation du potentiel démocratique

Sandrine Lambert |

Remix d’histoire officieuse et officielle de la matrice originale : « faire » et rêver loin

La naissance de la fabrication numérique est mentionnée habituellement comme ayant eu lieu au tournant des années 2000 et quelque part entre la côte ouest et la côte est des États-Unis. Il semble plus probable en réalité que la fabrication numérique s’inscrive dans une longue histoire qui aurait débuté avec l’artisanat et se serait poursuivie, dans une certaine mesure, avec la fabrication industrielle dont elle partage la moitié du nom ainsi qu’une certaine fascination pour les machines, bien que ces dernières n’étaient pas vraiment au goût des ouvriers à qui on les imposait de force.

Même les influences les plus récentes de la fabrication numérique sont multiples, que l’on pense au hacking, au Do It Yourself (DIY) ou au mouvement maker. Le hacking, dans les années 1950 au Tech Model Railroad Club du MIT (Massachusetts Institute of Technology), définissait l’action de bricoler ou de bidouiller, bien loin de la figure médiatique du pirate informatique d’aujourd’hui, puis s’est concrétisé avec l’émergence d’un premier hackerspace californien en 1975 avec le célèbre Homebrew Computer Club et enfin à Berlin dans les années 1980 avec le Chaos Computer Club, un des hackerspaces les plus influents d’Europe. Le Do It Yourself, quant à lui, revêtait un idéal politique d’autodétermination et s’est affirmé plus clairement dans la culture punk des années 70 où l’idée de faire par soi-même des disques ou des fanzines, revenait à résister et à s’émanciper des canons classiques des systèmes productifs dominants et de la consommation de masse.

Le mouvement maker est en partie l’héritier de l’imaginaire techno-utopique californien (notamment à travers l’iconique Whole Earth Catalog fort apprécié des hippies) pour la vision en réseau, l’inventivité (remix et le détournement d’objets), la débrouillardise et le bricolage, mais aussi des hackers pour la curiosité, l’humour, la collaboration. La culture maker porte en elle une promesse d’émancipation et de changement social qui se prolongera dans les Fab Labs, (Fabrication Laboratory), ces makerspaces créés au début des années 2000 par le MIT et dont le but initial fut de démontrer que les données numériques (bits) peuvent générer des objets physiques (des atomes). Le projet des Fab Labs s’est étendu à l’échelle des villes et s’incarne également dans le développement de Fab Cities. Les promoteurs défendent une économie circulaire dans des villes productives autosuffisantes afin de contrer les dégâts associés à une urbanisation massive et à l’importation de biens de consommation. La Fab City se présente souvent comme une alternative plus démocratique au modèle de « Smart City » en remettant les citoyens au cœur des projets et en distillant la promesse d’offrir une méthode « bottom-up », qui part des besoins des habitants et de leurs milieux de vie, plutôt qu’une conception « top-down » technocratique et entrepreneuriale des firmes privées qui investissent les villes intelligentes.



À propos des Laboratoires

Depuis 2014, le collectif s’intéresse aux nouvelles méthodes de production et de recherche pour les artistes. C’est dans ce contexte que Les Laboratoires ont permis à LA CHAMBRE BLANCHE de concevoir l’espace virtuel et l’espace réel comme voies d’exploration incontournables. Ce projet s’insère dans une perspective de réappropriation des moyens de production par les artistes et les intervenants du milieu, actualisant ainsi la notion de DIY en collaborant à un mouvement citoyen propre à l’autogestion. C’est dans cette perspective que nous avons demandé à Sandrine Lambert d’écrire un texte mettant ces problématiques en contexte.

À propos des Laboratoires
Depuis 2014, le collectif s’intéresse aux nouvelles méthodes de production et de recherche pour les artistes. C’est dans ce contexte que Les Laboratoires ont permis à LA CHAMBRE BLANCHE de concevoir l’espace virtuel et l’espace réel comme voies d’exploration incontournables. Ce projet s’insère dans une perspective de réappropriation des moyens de production par les artistes et les intervenants du milieu, actualisant ainsi la notion de DIY en collaborant à un mouvement citoyen propre à l’autogestion. C’est dans cette perspective que nous avons demandé à Sandrine Lambert d’écrire un texte mettant ces problématiques en contexte.
À propos de Sandrine Lambert
Sandrine Lambert est doctorante en anthropologie à l’Université Laval à Québec et membre de LA CHAMBRE BLANCHE. Dans sa ville d'adoption, elle a développé une expérience professionnelle en tant que responsable de communications dans différents organismes culturels. Sa recherche doctorale porte sur les enjeux de la participation citoyenne au sein des lieux dédiés à la fabrication numérique. Passionnée par les relations entre démocratie et technologie, elle réalise actuellement un travail de terrain à Barcelone, en Catalogne. 

À propos de Sandrine Lambert

Sandrine Lambert est doctorante en anthropologie à l’Université Laval à Québec et membre de LA CHAMBRE BLANCHE. Dans sa ville d'adoption, elle a développé une expérience professionnelle en tant que responsable de communications dans différents organismes culturels. Sa recherche doctorale porte sur les enjeux de la participation citoyenne au sein des lieux dédiés à la fabrication numérique. Passionnée par les relations entre démocratie et technologie, elle réalise actuellement un travail de terrain à Barcelone, en Catalogne. 







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