2 - Compagnonnage

Apprendre ensemble

Sandrine Lambert |

Mais de quoi parle-t-on quand on évoque la fabrication numérique ? D’une sous-culture américaine globalisée, d’une passion nichée de geek ? D’un point de vue extrêmement pragmatique, la fabrication numérique désigne toute production d’objets (au sens très large) dont la conception est réalisée sur ordinateur. Donc l’ordinateur envoie un fichier qui contient des commandes à une machine dont la plus emblématique est l’imprimante 3D ; nous pouvons également mentionner la découpeuse laser, qui contrairement à l’imprimante, agit par extraction de matière et aussi la brodeuse numérique pour n’en citer que quelques-unes ! Même s’il est possible et maintenant peu coûteux d’avoir une imprimante 3D chez soi, l’usage veut plutôt que les projets de fabrication numérique se réalisent dans des lieux qui portent des dénominations variées, déjà mentionnées ci-dessus : makerspaces, Fab Labs ou tout simplement laboratoires de fabrication numérique. La mise en commun des machines permet de fabriquer avec d’autres, ce que recouvre l’appellation Do It With Others (DIWO) qui sonne comme une injonction, mais surtout comme un marqueur identitaire. Plus que le partage des machines, c’est le partage de savoirs qui importe ici. Dans les lieux dont le but est davantage l’appui à une communauté que la recherche de profit, les logiciels libres peuvent être utilisés afin de partager les obstacles et les défis d’une expérimentation ou d’un prototypage. Se tromper, faire avancer son projet de manière itérative fait partie du processus qui nécessite de comprendre des matériaux, des logiciels, des paramétrages de machine. Il devient possible de détourner ou d’améliorer des projets existants ou de réaliser des assemblages différents pour faire émerger de nouvelles créations inattendues.

L’apprentissage par les pairs est une forme de compagnonnage répandue dans ces lieux, dans lesquels ce qui est commun peut se résumer à ceci : un espace de sociabilité, des ordinateurs, des machines et des humains pour créer, inventer et aider au développement d’une idée ou d’un projet.


À propos des Laboratoires

Depuis 2014, le collectif s’intéresse aux nouvelles méthodes de production et de recherche pour les artistes. C’est dans ce contexte que Les Laboratoires ont permis à LA CHAMBRE BLANCHE de concevoir l’espace virtuel et l’espace réel comme voies d’exploration incontournables. Ce projet s’insère dans une perspective de réappropriation des moyens de production par les artistes et les intervenants du milieu, actualisant ainsi la notion de DIY en collaborant à un mouvement citoyen propre à l’autogestion. C’est dans cette perspective que nous avons demandé à Sandrine Lambert d’écrire un texte mettant ces problématiques en contexte.


À propos de Sandrine Lambert

Sandrine Lambert est doctorante en anthropologie à l’Université Laval à Québec et membre de LA CHAMBRE BLANCHE. Dans sa ville d'adoption, elle a développé une expérience professionnelle en tant que responsable de communications dans différents organismes culturels. Sa recherche doctorale porte sur les enjeux de la participation citoyenne au sein des lieux dédiés à la fabrication numérique. Passionnée par les relations entre démocratie et technologie, elle réalise actuellement un travail de terrain à Barcelone, en Catalogne. 






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